LA CITÉ IDÉALE / 2014
Peinture murale, acrylique noir et or, 600cm x 300cm.
« La cité idéale est l’incarnation intellectuelle et matérielle de l’utopie, une conception urbanistique visant à la perfection architecturale et humaine. Elle aspire à bâtir et à faire vivre en harmonie une organisation sociale singulière, basée sur certains préceptes moraux et politiques. Ici, je m’intéresse à l’espace et à l’architecture des prisons panoptiques, régies par une forme d’idéalisme. Le panoptique est un type d’architecture carcérale imaginée par le philosophe utilitariste Jeremy Bentham. L’objectif de la structure panoptique est de permettre à un gardien, logé dans une tour centrale, d’observer tous les prisonniers, enfermés dans des cellules individuelles autour de la tour, sans que ceux-ci puissent savoir s’ils sont observés. Ce dispositif crée un « sentiment d’omniscience invisible » chez les détenus, en les amenant à changer d’attitude et de comportement social. La prison interroge sur le réel statut de l’espace.
Ce qui m’intéresse dans ce type des prisons, ce sont les schémas d’après lesquels elles sont conçues, ainsi que la force qu’elles exercent sur un individu mis à l’écart de la société, afin de respecter des règles établies. J’ai pu constater que les plans architecturaux d’une prison panoptique sont très similaires à ceux d’une cité idéale, dans la façon de bâtir ces deux lieux controversés ; on commence à imaginer un espace en harmonie et surtout on fait en sorte qu’il soit conçu bien avant de loger ses habitants. Quand on regarde le plan d’une cité idéale, ce plan est conçu de manière circulaire ou semi-circulaire avec une place au centre, les bâtiments prenant cette place comme point de départ. Généralement, ces cités idéales sont encerclées par un mur, afin de la protéger des envahisseurs. Pour les prisons panoptiques le point de réflexion est basé sur le même principe, le mur encerclant le lieu servira cette fois à empêcher la sortie de ceux qui habitent le lieu et la place au centre est remplacée par une tour panoptique.
Je suis donc partie des plans des bâtiments vue du ciel de ces prisons panoptiques, afin de constituer une carte imaginaire. Un espace inconnu émerge à partir de ces formes, évoquant l’abstrait et l’utopique. En positionnant ces plans dans une continuité, une cité idéale naît. »